Expertises et principaux projets

Objectifs d’expertises et principaux projets

Nos expertises ont pour objectifs de contribuer à : - favoriser la diversité génétique des arbres forestiers à long terme, - choisir les provenances et les variétés améliorées utilisables pour les reboisements répondant le mieux à un compromis entre performance et diversité génétique, - fournir les informations pour guider les reboiseurs dans leur choix, sans nuire aux ressources indigènes.

Conservation des ressources génétiques forestières

La conservation des ressources génétiques des arbres forestiers ne doit pas se limiter à préserver "statiquement" ce qui semble menacé de disparition. Il importe en effet moins de fixer le passé que de préparer l’avenir. Dans cette perspective évolutionniste, on préconise la conservation “dynamique” des ressources génétiques, consistant à favoriser la reproduction sexuée et à laisser la sélection naturelle s’exercer. La Commission des Ressources Génétiques Forestières (CRGF) et le programme paneuropéen EUFORGEN (European Forest Genetic Resources Programme), dans lesquels nous apportons notre expertise, recommandent un ensemble de mesures simples pour préserver cette diversité.

En appui au Ministère de l'Agriculture, nous assurons le Secrétariat technique de la CRGF et nous conduisons le programme national de conservation des ressources génétiques des trois espèces d'ormes indigènes, victimes de l'épidémie de graphiose.

Ce programme de conservation des ormes indigènes comprend :

-       un volet statique, basé sur une Collection nationale de clones originaires de diverses régions françaises (441 clones),
-       un volet dynamique, axé sur la conservation in situ de :

  • deux populations d'orme lisse (Ulmus laevis), mises en œuvre dans les bassins de la Garonne et de la Loire en partenariat avec les naturalistes gestionnaires des sites concernés,
  • une population d'orme de montagne (Ulmus glabra) dans les Hautes-Pyrénées.

Une collaboration avec les espaces de conservation (réserves naturelles nationales, conservatoires botaniques, arrêtés de protection de biotopes, …) a été initiée fin 2019 sur le suivi des populations d’orme lisse.

Fig2 : Collection nationale ex situ d'ormes indigènes (Ulmus sp.) conservée sur le site INRAE de Nogent/Vernisson, © E. Collin, INRAE-2016

Fig2 : Collection nationale ex situ d'ormes indigènes (Ulmus sp.) conservée sur le site INRAE de Nogent/Vernisson. © INRAE

Au niveau international, nous avons coordonné un projet européen sur la
conservation ex situ des ormes dans neuf pays de l’Union européenne,
nous collaborons au programme EUFORGEN et nous maintenons la base
de données paneuropéenne des unités conservatoires EUFGIS. 

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Sélection de peuplements porte-graines

Hormis certaines espèces à croissance rapide (pin maritime, Douglas, mélèzes, peupliers, merisier, ...) qui ont fait l'objet de programmes d'amélioration génétique, une forte proportion des plants utilisés en reboisement proviennent de graines récoltées en forêts. Afin de garantir la traçabilité de l'origine de ces graines et leur qualité génétique, les récoltes doivent être effectuées en conformité avec la réglementation (code forestier et Directive européenne), dans des zones définies par essence dites « régions de provenance ». Pour de nombreuses espèces, ces récoltes ne sont autorisées que dans des peuplements dûment inscrits dans un registre national, dans des zones définies par essence dites « régions de provenance », après visite d’experts qui s'assure de la qualité globale des arbres (vigueur et forme, état sanitaire, ...).

Fig3 : Ex. de régions de provenance : carte des régions de provenance de pin maritime (Pinus pinaster), © N. Ricodeau, INRAE

Fig3 : Ex. de régions de provenance : carte des régions de provenance de pin maritime (Pinus pinaster) © INRAE

Depuis les années 1970, le Cemagref, puis Irstea, puis INRAE, assure sur l’ensemble du territoire national, la sélection des peuplements porte-graines et la gestion des informations administratives et techniques qui leur sont attachées. Dans le contexte d'incertitude climatique, ce travail courant se double d'une réflexion de fond sur la nature et l'ampleur des modifications à apporter dans les critères de sélection des peuplements porte-graines ainsi que dans les conseils d'utilisation des différentes provenances de plants. Dans quelle mesure doit-on encourager la "migration assistée" de provenances plus méridionales vers des zones d'utilisation où l'on peut craindre que la provenance locale ne soit plus adaptée aux conditions climatiques prévues par les climatologues pour la seconde moitié de ce siècle ? De ce fait, notre groupe s'implique actuellement dans les travaux des collectifs de recherche sur la migration assistée tout en dialoguant avec les représentants de la filière (marchands grainiers, pépiniéristes, reboiseurs), les décideurs en charge des politiques publiques concernées (MAA et MTES) et nos homologues étrangers.

Evaluation de variétés forestières améliorées

La France s'est dotée d‘un programme de vergers à graines dont la conception a été confiée à l'INRA et à Irstea, puis INRAE, et dont la gestion est assurée conjointement par l'ONF et la société Vilmorin. Ce programme concerne essentiellement les conifères à croissance rapide.

Fig4 : Verger à graines de l'Etat d’hybridation de Mélèze (Larix eurolepis) à Lavercantière (48), ©A. Desgroux,INRAE-2019

Fig4 : Verger à graines de l'Etat d’hybridationde Mélèze (Larix eurolepis) à Lavercantière (48).© INRAE

Fig5 : Récolte de cônes par grimpage dans le verger de mélèze d'hybridation du champ de la ronce (Nogent/Vernisson, 45). Grimpeurs du GIE Sitka. ©S. Matz, INRAE-2018

Fig5 : Récolte de cônes par grimpage dans le verger de mélèze d'hybridation du Champ de la Ronce (Nogent/Vernisson). Grimpeurs du GIE Sitka. © INRAE

Un programme d’amélioration de variétés clonales de peuplier destinées à la production de contreplaqué, d'emballage léger et de pâte à papier est également conduit.
Nos travaux ont contribué à la mise en production des vergers à graines de l'État, qui alimentent désormais de façon significative le marché des graines et plants forestiers.
La seconde étape, entamée depuis une quinzaine d'années, consiste à vérifier la qualité des variétés issues des vergers à graines au moyen de tests en forêt pour :

  • quantifier les gains par rapport à des témoins connus, évaluer des critères concernant l'adaptation au site
  • (survie, état sanitaire, sensibilité au gel, à la sécheresse), la croissance et des indicateurs de qualité du bois (forme, branchaison)

Nous gérons un portefeuille de tests d‘évaluation de Douglas, mélèzes, pins, épicéa répartis sur tout le territoire métropolitain. Cette activité est souvent réalisée en collaboration avec d'autres organismes, notamment l‘ONF et le CNPPF. Nous avons coordonné l'installation d'un vaste réseau d'essais qui fournit des informations sur les performances et les conditions d'utilisation des 8 vergers de Douglas français dans un contexte climatique en évolution.

Fig 6 : Réseau d'évaluation des vergers français de douglas (Pseudotsuga menziesii) en 2020, © S. Matz, INRAE

Fig6 : Réseau d'évaluation des vergers français de douglas (Pseudotsuga menziesii) en 2020. © INRAE

Membre du GIS peuplier, INRAE participe à l’évaluation agronomique et sanitaire de cultivars afin de sélectionner les plus intéressants pour la populiculture française. Nous contribuons également à la création de nouvelles variétés associant productivité et tolérance envers différentes maladies, en particulier foliaires. Ces actions visent toutes à élargir la palette de variétés cultivées dans une perspective d’évolution des milieux et de la pression des agents pathogènes. Nous suivons plus de 100 dispositifs, soit un total d’environ 30.000 arbres à mesurer.

Fig 7 : Dispositif expérimental d'évaluation de variétés de peupliers, jour de la plantation. © A. Desgroux, INRAE-2020

Fig7 : Dispositif expérimental d'évaluation de variétés de peupliers, jour de la plantation. © INRAE

Fig8 : Mesures de circonférences dans un dispositif expérimental d'évaluation de variétés de peuplier à 4 ans. © A. Desgroux,INRAE-2020

Fig8 : Mesures de circonférences dans un dispositif expérimental d'évaluation de variétés de peuplier à 4 ans.© INRAE

Statistiques sur l’évolution du marché national des graines et des plants

Disposer de données annuelles sur les récoltes de graines et sur la production et les ventes de plants permet d’apprécier l’adéquation de l’offre et de la demande, de suivre les tendances et de disposer d’un indicateur de l’utilisation des ressources génétiques forestières. Chaque année, une note de synthèse compilant ces données est produite et est disponible sur le site internet du ministère de l’agriculture. Cet outil de suivi à court et moyen termes s’avère particulièrement utile dans la perspective du changement climatique.

Date de modification : 01 août 2023 | Date de création : 16 juin 2021 | Rédaction : SL